Tabagisme passif : faut-il durcir la loi Evin ?
Même si vous ne fumez pas, sachez que vous pouvez être victime de la cigarette. Outre la gêne, l’inspiration de la fumée des autres constitue un réel risque pour la santé. Pas moins de 3 000 décès lui seraient directement attribuables. Face à ce bilan, les associations demandent un durcissement de la loi Evin.
Savez vous que la fumée non inhalée qui s’échappe de la cigarette (dite secondaire) contient davantage de toxiques (monoxyde de carbone, oxydes d'azote…) et de substances cancérogènes (goudrons, benzène…) que celle inhalée par le fumeur… Autant dire que le tabagisme passif n’est pas sans risque.
Alors comment protéger tout le monde de la fumée de cigarette ? Pour différentes associations, il faut durcir de la loi Evin.
Des risques désormais bien établis
Le tabagisme passif peut provoquer ou aggraver de nombreuses maladies respiratoires (infections, maladie asthmatique, broncho-pneumopathies chroniques obstructives...). Mais ce n’est pas tout, la cigarette de votre voisin augmente également vos risques d’être victime d’un cancer du poumon (+ 26 %) et d’accidents coronariens (+25 %)1.
L’Académie Nationale de Médecine estime, qu’en France, le tabagisme passif tue chaque année environ 3 000 non-fumeurs2 !
Risques pour le foetus et l’enfant
*Le risque de mort subite du nourrisson est doublé lorsque la mère fume. Et ce risque augmente en fonction du nombre de fumeurs dans la maison, du nombre de cigarettes fumées et du temps d’exposition ;
*Le risque de bronchite de l’enfant augmente de 72 % si la mère fume ;
*Chez l’enfant asthmatique, le tabagisme passif augmente l’intensité et la fréquence des crises ;
*En cas de tabagisme passif des parents à domicile, le risque d’otites récidivantes est augmenté de 48 % et de 38 % pour les épanchements de l’oreille ;
*Si la femme enceinte est exposée à la fumée des autres, l’enfant risque un retard de croissance intra utérin et de petit poids à la naissance.
Risques pour l’adulte
*Le risque de maladies cardiaques est augmenté de 25 % en cas de tabagisme passif au foyer ou au travail ;
*Le tabagisme passif sur une période prolongée augmente le risque de cancer du poumon (26 % selon l’Inpes) ;
*Les adultes asthmatiques sont particulièrement sensibles à la fumée de tabac car leur système respiratoire les contraint à absorber plus d’air et donc plus de fumée polluée ;
*Les cancers du larynx, des voies aéro-digestives supérieures, du pancréas et du col utérin sont liés au tabagisme. Le lien avec le tabagisme passif paraît fortement possible.
Alors comment protéger tout le monde de la fumée de cigarette ? Pour différentes associations, il faut durcir de la loi Evin.
Du changement dans l’air…
En septembre 2004, le Comité national contre le tabagisme (CNCT) appelait à durcir la loi Evin en prônant l’interdiction totale de fumer dans les lieux de travail et les lieux publics3. Cette mesure est déjà en vigueur à l’étranger (l’Irlande, suivie de la Norvège et prochainement de la Suède, voire de l’Ecosse et du Portugal) et en France dans plusieurs secteurs d’activité : entreprises à risques ou de manière plus pragmatique pour mieux répondre aux demandes de la clientèle, comme par exemple dans les TGV.
Cet appel est aujourd’hui repris par l’Alliance contre le tabac, forte d’une trentaine d’associations4. Pour la protection totale des non-fumeurs dans les lieux publics et les lieux de travail, le rapport de l’alliance s’appuie principalement sur deux recommandations :
*L’interdiction totale de fumer dans tous les locaux de travail et locaux publics, une interdiction qui doit être adoptée le plus rapidement possible et avant 2007 ;
*Du fait de leur exemplarité, les espaces éducatifs et des lieux de soins, l’interdiction de fumer doit concerner non seulement les lieux couverts mais aussi les espaces non couverts.
Se basant sur les risques connus du tabagisme passif, l’Alliance contre le tabac entend également s’appuyer sur un soutien populaire. Selon un récent sondage5, deux tiers à trois quarts des Français réclament ces mesures. Ce sont 74 % des Français qui préconisent une interdiction totale de fumer dans les entreprises, 72 % dans les restaurants, 64 % dans les cafés et 60 % dans les discothèques. La raison principale invoquée par 52 % des Français est la protection des personnes fragiles et des salariés non-fumeurs.
En attendant d’éventuelles nouvelles mesures annoncées à l’occasion de la prochaine journée sans tabac, les autorités publiques devraient cette année encore préférer l’information à l’interdiction.