Pas de panique mais des précautions
Les experts sanitaires des pays de l’Union européenne réunis le 25 août à Bruxelles ont évoqué les risques d’une propagation du virus de la grippe aviaire et les éventuelles mesures à prendre pour se prémunir contre ce danger. Aucune nouvelle recommandation n’a été décidée pour le moment. La décision de confiner les volailles élevées en plein air, prise aux Pays-Bas il y a quelques jours, n’a pas été généralisée. Dans chaque pays, les éleveurs sont simplement incités à prendre des précautions sanitaires et notamment à essayer d’éviter au maximum les contacts avec les oiseaux migrateurs, qui peuvent être porteurs du virus H5N1 potentiellement transmissible à l’homme. En parallèle, l’OMS et les Etats ont commencé à prendre des mesures pour constituer des stocks de médicaments antiviraux, de manière à pouvoir réagir si l’épizootie devenait une épidémie humaine.
A en croire l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une épidémie de grippe régionale, voire mondiale, n’est pas possible mais inévitable. Pour les experts sanitaires, la seule véritable incertitude concerne le moment où elle se déclenchera. C’est pour cette raison que depuis la résurgence du virus de la grippe aviaire dans les élevages de volailles en Asie du Sud-Est en 2003, l’OMS n’a eu de cesse de mettre en garde gouvernements et populations contre les dangers de la propagation de cette maladie. D’autant qu’il s’est avéré que le virus H5N1, responsable de cette épizootie, est transmissible à l’homme. Pour le moment aucun cas de contamination inter-humaine n’a été enregistré mais la persistance du virus dans les élevages de volailles et l’extension de la zone géographique où il sévit –il est maintenant apparu en Russie et au Kazakhstan- augmentent le risque de le voir muter et devenir dangereux pour l’homme.
En Europe, l’annonce de l’apparition de la grippe aviaire dans la partie occidentale de la Russie (Kalmoukie) a ravivé les inquiétudes concernant le risque de voir des oiseaux migrateurs en provenance de l’Est transporter le virus jusqu’à leurs congénères occidentaux au moment des migrations. Mais il semble finalement que les oiseaux sauvages qui traversent l’Europe de l’Ouest viennent surtout de Scandinavie et de Sibérie polaire et non d’Asie centrale et orientale. Cela ne réduit néanmoins pas le risque de propagation du virus à zéro dans cette zone. C’est pourquoi les experts sanitaires européens se sont réunis, le 25 août, à Bruxelles pour discuter de cette question et évaluer le niveau de danger.
Pas de confinement généralisé des volailles
Au-delà de l’élargissement de l’interdiction des importations d’oiseaux vivants et de plumes à la Russie et au Kazakhstan décidé il y a quelques jours par la Commission, aucune autre mesure n’a été envisagée pour le moment au niveau européen. Les Etats n’ont notamment pas jugé utile de suivre les Pays-Bas qui ont décidé d’imposer aux éleveurs d’enfermer toutes leurs volailles pour éviter les contaminations. C’est donc simplement au niveau national que des initiatives sont envisagées. En France, où le chef de l’Etat a pourtant lui-même demandé «d’appliquer pleinement le principe de précaution» face au risque d’épidémie de grippe aviaire, le gouvernement a simplement pris le parti de mettre l’accent sur la surveillance et le dépistage au sein des populations de volatiles. Si le confinement total des volailles d’élevage n’est pas envisagé pour le moment, il est par contre recommandé aux éleveurs de ne plus nourrir et abreuver les animaux à l’extérieur pour limiter les risques de contacts avec des oiseaux sauvages éventuellement porteurs du virus.
Tout en essayant d’analyser avec sérénité et sans «alarmisme» la situation sur le front de la grippe aviaire, les autorités sanitaires européennes prennent quand même très au sérieux les mises en garde de l’OMS concernant la possibilité de l’émergence d’une épidémie humaine. C’est pourquoi au-delà de la surveillance des élevages et des populations d’oiseaux sauvages, la plupart des Etats ont aussi décidé de mettre en place de plans de stockage de médicaments antiviraux de manière à pouvoir réagir rapidement en cas de besoin. Ces réserves nationales complèteront celles que l’OMS est en train de se constituer pour pouvoir venir en aide aux pays en situation d’urgence. L’Organisation a d’ailleurs annoncé qu’elle avait trouvé un accord avec le laboratoire pharmaceutique Roche pour qu’il tienne à sa disposition trois millions de traitements (Tamiflu) pendant cinq ans et qu’elle avait pris contact avec une autre firme pour obtenir les mêmes arrangements concernant l'une de ses molécules.