Les Français gagnés par la malbouffe !

Actualité culinaire d'algérie

Les Français gagnés par la malbouffe !

Trop de viandes et de graisses animales, pas assez de céréales et de légumes secs. Des repas dans l’ensemble trop salés. Le grignotage devant la télévision en hausse, les repas traditionnels d’autrefois en baisse… Dans un rapport rendu public le 15 juin 2000, le Haut Comité de la Santé Publique dresse un constat mitigé de l’alimentation des Français d’aujourd’hui. Et propose quelques mesures concrètes pour nous réconcilier avec "la bonne bouffe".

"Pour une politique nutritionnelle de santé publique en France ; enjeux et propositions", tel est le nom de ce rapport officiel dont les conseils seront probablement bien utiles à nombre de nos compatriotes.

Un bouleversement des habitudes alimentaires

Comme le rappellent les experts ayant collaboré à la rédaction de ce document, les habitudes alimentaires des Français ont, en effet, beaucoup changé depuis les années 1950 et si certaines de ces modifications comportent des aspects positifs (par exemple, les repas sont aujourd'hui plus diversifiés et la consommation de légumes et de fruits est plus importante qu'il y a un demi-siècle), d'autres sont moins bénéfiques.
Ainsi, nos apports alimentaires ont globalement diminué, ce qui est plutôt une bonne chose car parallèlement nos dépenses énergétiques ont également diminué, mais nos repas sont trop riches en graisses animales et trop sucrés.

Trop de sel, trop de sucre...

La consommation des plats riches en sucres simples d'absorption rapide, comme les gâteaux et les glaces est, ainsi, passée de 1 kg par an et par habitant en 1960 à 14 kg par an et par habitant en 1995 ! En revanche, les Français continuent de peu goûter aux aliments riches en glucides complexes, lentement assimilables, dont la consommation est pourtant recommandée par tous les nutritionnistes, qu'il s'agisse de céréales, de légumes secs, de féculents...


Une consommation excessive de sel semble aussi concerner une fraction importante de la population. Divers travaux, comme des études régionales ou l'enquête INCA, récemment réalisée par l'Observatoire des consommations alimentaires, ont révélé que 10 à 20 % des Français ingéreraient plus de 12 grammes de sel par jour. A ces déséquilibres alimentaires s'ajoute une mauvaise hygiène de vie. Car, nous sommes nombreux à ne pas faire assez d'exercice au cours de notre vie quotidienne.

Quels enjeux pour notre santé ?

Cette alimentation déséquilibrée a des conséquences sur notre santé, que détaille ce rapport. Même si, en vérité, l’Hexagone est moins atteint par ce fléau que les pays scandinaves ou anglo-saxons où l’emploi du beurre et des graisses animales est encore plus répandu, les maladies cardio-vasculaires continuent de représenter la première cause de mortalité dans notre pays avec près de 170 000 décès par an (32 % des décès totaux, dont près de 10 % avant 65 ans).

La mauvaise qualité de l’alimentation joue également un rôle dans certains des 240 000 cancers qui apparaissent chaque année et qui sont à l’origine de 29 % des décès chez l’homme et de 23 % chez la femme. L’effet protecteur des fruits et des légumes est, en effet, reconnu pour plusieurs localisations cancéreuses et on sait que le risque de cancer diminue lorsque la consommation de viandes rouges contribue à moins de 10 % de l’apport énergétique total, soit moins de 80 g par jour.

Obésité et ostéoporose...

Enfin, un déséquilibre alimentaire associé au manque d’activité physique exerce une influence importante dans l’augmentation du nombre d’obèses (7 à 10 % des adultes et 10 à 12,5 % des enfants de 5 à 12 ans), qui est constatée depuis quelques années en France (voir notre dossier L’obésité de l’enfant). Autres affections dont la survenue est pour partie liée à l’alimentation : l’ostéoporose, car le calcium comme la vitamine D contribuent à l’acquisition d’une bonne densité osseuse, le diabète dont la fréquence est aujourd’hui estimée à 2-2,5 % tous âges confondus, et l’excès de cholestérol. Le Haut Comité considère ainsi que près d’un adulte sur cinq présente un taux de cholestérol sanguin supérieur à 2,5 g par litre, un chiffre trop élevé qui accroît la probabilité de maladies cardio-vasculaires.

Diminuer les graisses, augmenter les aliments riches en amidon et en fibres

Pour ces spécialistes, plusieurs objectifs doivent être atteints en priorité pour améliorer la qualité nutritionnelle de l’alimentation des Français.

Citons parmi ceux-ci :

Une augmentation de la consommation de fruits et de légumes car celle-ci reste insuffisante et a tendance à stagner, voire à reculer légèrement depuis les années 1990 ;
Une réduction de l’apport global de graisses qui devrait atteindre idéalement moins de 35 % des apports énergétiques totaux (il est en fait de 40 % dans les deux sexes lorsque l’on tient compte des apports énergétiques totaux sans alcool) ;
Une augmentation de la quantité de glucides afin que ces nutriments représentent plus de 50 % des apports énergétiques, mais ceci en privilégiant la consommation de glucides fournissant de l’amidon et des fibres et en diminuant ceux, qui comme les sucres simples, apportent des "calories vides" et peu de minéraux et de vitamines...
Enfin, un accroissement de la consommation de calcium et de vitamine D chez les personnes ayant des apports inférieurs aux apports nutritionnels conseillés.
Le Haut Comité souligne, par ailleurs, que "les données actuelles ne permettent en aucune façon de préconiser l’utilisation de compléments et de suppléments vitaminiques et minéraux en auto-médication pour la population générale" et, qu’à l’exception des laits infantiles "il n’existe pas d’arguments pour recommander l’enrichissement obligatoire d’un ou plusieurs aliments en un quelconque constituant nutritionnel". Voilà qui décevra les amateurs d’aliments supplémentés et les "accros" des vitamines ou sels minéraux en tous genres !

Des fontaines à eau contre les sodas

Comment améliorer l’alimentation des Français ? En fait, nos experts proposent toutes sortes de moyens pour y parvenir. Certains sont classiques : diffusion d’un guide alimentaire, lancement de campagnes d’information auprès du grand public et des professionnels de santé, encouragement à l’allaitement maternel...

D’autres le sont moins : interdiction des distributeurs de sodas dans les établissements scolaires et installation, pour les remplacer, de fontaines à eau. Fruits à volonté et produits laitiers pourraient également être proposés aux enfants à la collation du matin ou au goûter de l’après-midi, prolongeant salutairement le fameux verre de lait instauré en son temps par Pierre Mendès-France.

En outre, le Haut Comité recommande la création d’un label officiel "nutrition santé", qui sera matérialisé sous forme de logo et accordé aux seuls produits alimentaires contribuant aux objectifs nutritionnels reconnus prioritaires.

Dr Corinne Tutin

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