La grippe aviaire est arrivée en France
Alors que le 1er cas de grippe aviaire a été découvert en France, le gouvernement décide le confinement des volailles et la vaccination des canards et des oies. C’est le branle-bas de combat avant le retour du printemps et des oiseaux migrateurs potentiellement infectés. Mais ces mesures seront-elles suffisantes ?
Alors que le 1er cas de grippe aviaire a été confirmé dans l’Ain, les mesures de protection sont renforcées en France. Périmètres de sécurité, zones de protection renforcées… la mise en application du plan de prévention s’accélère. Avec la progression du virus de la grippe aviaire en Europe et en Afrique, la menace d’une épidémie animale et d’une propagation à l’homme devient de plus en plus palpable.
Info grippe aviaire : Numéro indigo 0 825 302 302 (0,15 € TTC/mn)
Cette plate-forme mise en place par le gouvernement fournit la liste des pays touchés (Tapez 1), les recommandations aux voyageurs (Tapez 2) et répond aux questions plus générales sur la grippe aviaire (Tapez 3).
Ce numéro est ouvert de 8h00 à 22h00, 7 jours sur 7.
Mauvais cygne… H5N1 progresse en Europe !
Après la Grèce, l’Italie, la Slovénie, l’Autriche, l’Allemagne et la Hongrie, c’est au tour de la France de trouver sur son sol le virus tant redouté dans le cadavre d’un canard. C’est donc au total sept pays de l’Union Européenne qui sont touchés par le virus aviaire. Bien qu’il n’existe pas de risque important de transmission à l’homme, le ministre de la Santé Xavier Bertrand a appelé à ne pas toucher les oiseaux morts et a conseillé de ne pas donner à manger aux cygnes ou aux canards. En toute circonstance, toute personne qui voit ou trouve un oiseau mort doit en informer, en précisant le lieu et, si possible, l'espèce :
La fédération départementale des chasseurs concernée ;
Ou les services départementaux de l'office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) ;
Ou les services vétérinaires de la préfecture du département concerné (DDSV).
Dans l'Ain, différents périmètres de sécurité ont été mis en place autour du lieu de ramassage de l’oiseau trouvé mort. La zone de protection de 3 kilomètres concerne 14 communes, 20 élevages professionnels, dont le parc ornithologique des Dombes et 136 basses cours. La zone de surveillance de 10 kilomètres concerne 47 communes, 63 élevages professionnels et 590 basses cours. Dès le 19 février 2006, le Ministre de l’agriculture et de la pêche, Dominique Bussereau s’est rendu sur place pour s’assurer de la bonne mise en oeuvre de l’ensemble du dispositif de sécurité et de la mobilisation de tous les acteurs concernés. Rappelons néanmoins qu’à ce jour, aucun cas de transmission d’oiseaux sauvages à des oiseaux d’élevage et encore moins à l’homme n’a jamais été enregistré et aucun cas humain n’a été recensé dans l’Union Européenne.
Les décès causés par le virus H5N1 concernent uniquement des personnes ayant eu des contacts très rapprochés avec des volailles infectés ou leurs sécrétions. Depuis 2003, ce virus a fait près de 90 morts sur 166 cas humains recensés en Asie et en Turquie.
Chiffres mis à jour le 28 février 2006
Premier producteur et exportateur de volaille européen, la France ne voudrait pas connaître la même mésaventure de l’Italie, où la consommation de volaille a chuté de 70 %. Dès mercredi (avant la découverte du virus H5N1 en France), le Ministre de l’agriculture a lancé un appel au calme, assurant prendre toutes les mesures nécessaires pour enrayer la maladie et rappelant que la consommation de poulet ne comporte pas de risque. Réunis à Bruxelles, les ministres de l’agriculture des pays touchés devraient annoncer de nouvelles mesures afin de prévenir l’expansion de l’épizootie et de rassurer la filière avicole. Le 15 février dernier, l’Union européenne avait élargi l’embargo sur les importations de plumes non traitées et n’ont recommandé le confinement des volailles que dans un rayon de trois kilomètres et une zone de surveillance de 10 km autour des lieux où des oiseaux sauvages malades ont été trouvés1. Mais la plupart des pays membres sont allés au-delà de ces dispositions…
Les volailles privées de sortie…
La France a renforcé ses mesures de prévention, suite à l’avis rendu par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa). Au terme d’une réunion interministérielle3, le Premier ministre Dominique de Villepin a annoncé les nouvelles mesures mises en oeuvre :
Tous les oiseaux détenus par des éleveurs ou par des particuliers présents sur le territoire métropolitain, qu’il s’agisse de volailles d’élevage ou de basses-cours, de gibier d’élevage ou d’oiseaux d’agrément, devront être confinés. En cas d’impossibilité, des mesures d’effet équivalent devront être prises. Les contrôles vétérinaires seront renforcés ;
Les élevages de canards et d’oies, situés dans les zones humides à risque des départements des Landes, de Loire-Atlantique et de Vendée, pour lesquels le confinement ne pourrait être mis en oeuvre, seront vaccinés, dans le respect des règles communautaires ;
Tout rassemblement d’oiseaux, en particulier à l’occasion de foires, marchés, expositions, concours, est interdit sur le tout le territoire métropolitain ;
La surveillance des oiseaux sauvages sera renforcée, et toutes les basses-cours seront recensées ;
Les oiseaux détenus dans les parcs ornithologiques et zoologiques seront vaccinés, lorsqu’ils sont susceptibles d’être en contact direct avec des volailles domestiques ou des oiseaux sauvages.
C’est le ministre de l’agriculture Dominique Bussereau qui veillera à la mise en place rapide de ces mesures. La vaccination des volailles sera prise en charge par l’Etat. Par ailleurs, le Premier Ministre a demandé l’envoi d’un groupe de spécialistes en Afrique, où sont apparus des foyers d’infections.
Bientôt, le retour des migrateurs…
L’apparition de foyers d’infections par le virus H5N1 en Afrique est inquiétante à plus d’un titre. D’une part, les structures sanitaires locales sont loin de pouvoir réagir avec la rapidité et l’efficacité nécessaire. Premier pays africain officiellement touché, le Nigeria aurait ainsi attendu 19 jours avant de rendre public la présence du virus H5N1 sur le sol national et d’engager des mesures de prévention de l’épidémie aviaire. D’autre part, la détection de ce virus en Afrique souligne notre maigre connaissance des flux migratoires et du portage du virus des oiseaux sauvages. Contrairement à ce que les experts envisageaient en août 2005, ces flux migratoires perturbés par des conditions météorologiques particulières n’ont pas épargné l’Europe et les oiseaux infectés ont pu parcourir de longues distances. De "nul à négligeable" en août 20054, le risque de propagation de l’épizootie par des oiseaux sauvages est aujourd’hui considéré comme "aggravé", pour ne pas dire très important.
Enfin, le printemps 2006 devrait marquer le retour vers nos latitudes d’oiseaux migrateurs qui ont hiverné en Afrique, potentiellement au contact de congénères infectés. Cette contamination indirecte pourrait se révéler encore plus dangereuse pour les élevages européens. Les premiers retours de ces canards et passereaux devraient commencer dès la fin de ce mois…
Communiqué de l’Union Européenne du 15 février 2006